28 novembre, 2007

Phénicie aussi !


L’exposition qui se tient du 6 novembre 2007 au 20 avril 2008 à l’Institut du Monde Arabe s’intitulant « La Méditerranée des Phéniciens, de Tyr à Carthage » propose un nouveau regard sur une civilisation encore méconnue : les phéniciens. Les études concernant cette civilisation sont récentes contrairement aux recherches sur les Grecs ou les Etrusques.




Les phéniciens sont avant tout reconnus comme excellents navigateurs, commerçants intraitables et artisans brillants, mais grâce à l’IMA qui offre une vision plus vaste et plus complète sur cette civilisation, il est désormais possible pour le visiteur de découvrir le fonctionnement de ces cités états qui sont apparues dès la fin du IXième siècle av. JC et se sont établies dans tout le pourtour méditerranéen et jusqu’à l’Atlantique. De plus, ils ont été à l’origine de l’alphabet et les acteurs de sa diffusion.




Organisée en partenariat avec le Musée du Louvre, l’exposition va donc d’abord s’attacher à préciser l’existence culturelle, cultuelle, artisanale et artistique, de la civilisation phénicienne dans son berceau géographique. Puis elle va porter son regard sur son étonnante expansion de la Sicile à l’Espagne, de la Syrie à la Tunisie et à ses relations avec les peuples du pourtour méditerranéen ainsi qu’à son influence sur les civilisations avoisinantes.



C’est à travers des objets artisanaux de la vie courante, ou des créations plus précieuses issues des nécropoles que les contours de cette civilisation vont se dessiner, et mettre en relief les spécificités et originalités des modes de vie des phéniciens.



Pour mieux comprendre la portée et l’importance de ces objets, il faudra d’abord se pencher sur l’histoire et l’organisation des phéniciens à travers deux cités et leur expansion en étudiant les traces laissées sur les territoires qu’ils ont annexés et occupés, et leur influence sur les populations locales mais également à travers leur art et leur artisanat qui sont à la base de leur système économique et de leur système d’échange commercial.


Cependant, les phéniciens n’étaient pas que des marchands, et l’objet le plus frappant de cette exposition sera le tridacne, un coquillage simple mais très finement travaillé, symbole de leur relation avec la mer et reflet de leur inventivité et de leur savoir-faire.
Ce sont les grecs qui les premiers ont employé le mot « phénicien » pour qualifier ces population du Levant.
Les phéniciens eux-mêmes n’utilisent jamais ce qualificatif et se désignent plutôt du nom de la cité dont ils sont issus : Sidonien, Tyrien, Arwadite…
Sidon, Tyr, Byblos, Arwad… sont les cités états dont sont issus les phéniciens. Ces cités étaient indépendantes les unes des autres, et n’avaient pas d’unité politique, elles étaient souvent gouvernées par des rois sous tutelle égyptienne puis sous domination assyrienne, on perçoit donc plus les phéniciens comme faisant partie d’un ensemble de cités ayant une culture commune plutôt qu’un peuple. La langue est probablement la même d’une cité à l’autre et les panthéons ont de nombreuses divinités en commun.



Le choix des emplacements des villes était conditionné par le cadre géographique qui répondait à leurs activités multiples. Le choix du littoral permettant aux phéniciens d’aménager des ports et d’y abriter des flottes en toute sécurité. Ces ports facilitent les échanges économiques avec la Méditerranée ; l’Egypte, le continent grec, la péninsule ibérique et le nord de l’Afrique. C’est ce rôle maritime qui donne à la ville phénicienne son importance dans l’Antiquité et constitue son caractère dominant dans le fonctionnement quotidien de la société. Autour du port sont aménagés des entrepôts et des magasins.
La ville phénicienne est organisée sur le modèle de la polis orientale : le temple et le palais forment un noyau central vers lesquels convergent toutes les activités : économiques, militaires, religieuses, sociales et culturelles et autour sont établies les habitations domestiques.
L’organisation politique est différente de celle des civilisations voisines. Alors que chez les Egyptiens ou les Assyriens, le pouvoir politique est héréditaire et divin, chez le phéniciens, une assemblée du peuple élit les rois ou les gouverneurs dont les rôles économiques, politiques et religieux sont très importants.
Mais le véritable ressort des villes reste l’économie. La société phénicienne est très hiérarchisée et les riches armateurs et marchands jouent un rôle important dans les assemblées du peuple, au sénat et sont fortement représentés parmi les hauts dignitaires.


Bien que ces villes soient sous tutelle d’un empire lointain (Egypte, Assyrie), elles gardent tout au long de leur histoire une certaine indépendance : elles gardent leurs rois, leurs institutions, leur langue, leur panthéon.
Les phéniciens qui ont contribué à l’élaboration d’une culture composite qui leur est propre ont influencé les grands courants qui ont marqué l’art en Méditerranée tel que le style égyptisant, orientaliste, hellénistique et romanisant.